L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), est préoccupée par l’aggravation de la situation dans l’est de la République démocratique du Congo, dans le territoire de Beni, où la violence a contraint plus de cent mille civils à quitter leur domicile au cours des deux derniers mois, a indiqué le HCR.
Les attaques perpétrées par des groupes armés depuis décembre de l’année dernière sur un certain nombre de villes et de villages qui composent la chefferie de Watalinga, près de la frontière avec l’Ouganda, ont déplacé des femmes, des hommes et des enfants vers la ville de Nobili et ses environs.
Beaucoup étaient auparavant déplacés et venaient de rentrer dans leur village en novembre de l’année dernière, après avoir fui la violence en avril. Ils ont toujours un besoin urgent d’assistance.
Les tensions dans la région ont augmenté depuis le lancement d’une opération militaire dirigée par le gouvernement en décembre contre les Forces démocratiques alliées (ADF).
Les civils, notamment ceux qui ont été déplacés en novembre et décembre, font partie des cibles des groupes armés, dont les ADF. Selon les autorités locales, environ 252 civils auraient été tués dans le territoire de Beni depuis décembre dernier.
De nombreuses personnes ont déclaré au personnel du HCR qu’elles vivaient maintenant dans la peur, après avoir été témoins de meurtres, de violences sexuelles et d’enlèvements à la maison et pendant le vol.
La majorité des personnes forcées de fuir lors de la dernière vague de violence sont désormais hébergées par les communautés d’accueil locales de la ville de Nobili qui ont accueilli les familles déplacées sans hésitation mais manquent de ressources pour même répondre à leurs propres besoins.
D’autres se sont réfugiés dans des écoles et des églises surpeuplées autour de la ville de Nobili. Le HCR et ses partenaires leur fournissent une aide d’urgence dans les abris, ce qui permet également aux écoles de reprendre leur fonction normale.
Des milliers d’autres vivent dans des conditions désastreuses dans une centaine d’établissements informels, dormant dans des huttes faites de branches. Ils sont exposés aux éléments et font face à de graves menaces pour leur sécurité et leur protection, notamment du fait du manque d’intimité.
La grande majorité des personnes déplacées sont des femmes et des enfants qui, avec d’autres personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI), ont toujours un besoin urgent d’assistance et de protection de base. Les principaux besoins sont la nourriture, l’abri, l’eau, l’assainissement et l’hygiène et l’accès à l’éducation.
Un grand nombre d’enfants déplacés ne vont pas à l’école. Les écoles n’ont pas la capacité d’accueillir des élèves supplémentaires ou sont fermées car elles abritent désormais des PDI, ce qui met à rude épreuve des infrastructures éducatives déjà inadéquates.
L’école Mambale de Nobili accueille actuellement 500 élèves déplacés, ce qui porte le nombre total d’élèves à 800. L’école organise désormais des quarts de travail, les élèves fréquentant le matin ou l’après-midi.
Pour répondre aux besoins des personnes déplacées et de leurs communautés d’accueil locales, le HCR et ses partenaires, ainsi que les autorités locales et les acteurs humanitaires, fournissent désormais une aide aux personnes déplacées à Nobili.
La semaine dernière, le HCR a distribué des abris d’urgence sous forme de bâches pour aider 3 000 familles déplacées. Pour aider à améliorer la protection et la sécurité des personnes déplacées, le HCR soutient également le développement de trois structures de protection communautaires. Celles-ci aideront à identifier, prévenir et répondre aux violations des droits de l’homme.
Le HCR contribue également à un exercice de profilage en cours coordonné par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) avec l’appui technique du HCR. Les données ont déjà aidé à cibler l’aide humanitaire et continueront d’améliorer la qualité de la protection, de l’assistance et des services multisectoriels pour ceux qui en ont besoin.
Plus de cinq millions de personnes sont toujours déplacées en RDC, ce qui représente la plus grande situation de déplacement interne en Afrique. Notre personnel est actuellement présent dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Tanganyika et de l’Ituri en réponse aux vagues massives de déplacements.
Le HCR a besoin de 150 millions de dollars pour répondre aux besoins des réfugiés et des déplacés internes en RDC cette année, mais n’a reçu que 4% à ce jour.
UNHCR