Le Président du Conseil Militaire de Transition, le Chef de l’Etat tchadien, Général Mahamat Idriss Deby Itno a ouvert ce samedi 20 août 2022 à N’Djamena, les assises du Dialogue National Inclusif et Souverain.
Ce Dialogue National rassemble les tchadiens autour de la table pour jeter les premiers jalons de la refondation de la République du Tchad.
« Après une longue attente et plusieurs mois de travail laborieux mené par le Comité d’Organisation du Dialogue National Inclusif, c’est en ce jour béni du 20 août 2022, que nous pouvons lancer les débats sur les valeurs qui refonderont notre République.
Dans la vie des Hommes, les jours se suivent, mais ils ne se ressemblent guère. Il y a des jours qui marquent. Des jours empreints des souvenirs qui resteront à jamais gravés dans la mémoire collective. Ce 20 Août 2022 fait partie de ces jours.
Aujourd’hui, nous nous retrouvons à un tournant décisif de l’histoire de notre pays. Car dans quelques instants nous allons poser les premiers jalons de la refondation de notre République.
Les jalons que nous allons, tous ensemble, poser ici, maintenant et les jours qui suivront nous engagent tous.
Au regard des enjeux et des espoirs entourant ce dialogue, chacun et chacune de nous doit prendre la pleine mesure de la responsabilité qui est la sienne, devant Dieu, devant l’Histoire et devant la Nation toute entière. C’est une immense responsabilité historique, pour laquelle, nous n’avons que deux choix : l’assumer ou la trahir », a déclaré le Président Mahamat Idriss Deby Itno.
Le président intérimaire du Tchad a, au cours de son discours, rendu hommage à son feu père, le Maréchal du Tchad, Idriss Deby Itno tout en se rappelant comment son père a demandé pardon aux tchadiens avant de mourir.
« En cette circonstance historique marquant l’ouverture solennelle des assises du Dialogue National Inclusif et Souverain, j’ai une pensée pieuse pour tous les martyrs qui se sont sacrifiés pour la cause nationale.
Je salue la mémoire du défunt Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno qui s’est battu, jusqu’à la dernière goutte de son sang, pour le Tchad, son plus précieux patrimoine. Il ne cessait de le répéter.
Le 20 avril 2021, le monde médusé apprenait le décès tragique du Maréchal du Tchad. Cette date restera gravée dans les annales de notre passé commun comme un jour triste.
Par ailleurs, le Maréchal du Tchad, notre père, votre Président Ami, Frère, Camarade et Compagnon a demandé pardon à tous les tchadiens, un mois avant l’appel de Dieu.
Je pense qu’il n’est pas de trop de rappeler cela et demander, en tant que fils, pardon pour lui, une fois de plus.
Je voudrais aussi demander votre pardon pour tous les anciens chefs d’Etat qui ne sont plus de ce monde.
Face aux menaces graves sur l’existence de notre pays en tant qu’État et dans un contexte d’incertitudes, le Haut Commandement de l’Armée Nationale Tchadienne a décidé de prendre ses responsabilités, en mettant en place le Conseil Militaire de Transition.
Il s’est alors engagé à maintenir l’ordre public, à défendre l’intégrité du territoire national, à protéger notre indépendance et à préserver la paix sociale.
L’une de ses premières actions fut l’élaboration d’une Charte de Transition, dans laquelle sont définies ses missions. Elle a notamment accordé une première période de dix-huit (18) mois pour la Transition.
Afin d’assurer une gestion consensuelle de l’État durant cette transition, nous avons mis en place un Gouvernement de large ouverture et un Conseil National de Transition, tous deux représentatifs de l’ensemble des forces vives du pays.
Au lendemain de ma désignation à la magistrature suprême, j’ai fait du rassemblement des Tchadiennes et des Tchadiens une priorité. Il a été aussitôt annoncé la tenue d’un dialogue national inclusif, impliquant l’ensemble des sensibilités du Tchad, aussi bien de l’intérieur que de la diaspora.
J’ai mis un point d’honneur sur le caractère inclusif de ce dialogue, de sorte qu’aucun tchadien pour quelque motif, n’en soit écarté.
C’était pour moi, un engagement sur l’honneur et sur mon propre serment de soldat. Servir, Mourir mais jamais, jamais trahir ».
Le Président du Conseil Militaire de Transition a souligné que les tchadiens sont appelés à faire un examen approfondi de leur conscience collective pour l’avenir du Tchad, tout en précisant qu’aucun sujet concernant l’avenir du pays ne sera tabou.
« En 1993, nombre de dignes fils du Tchad se sont retrouvés, ici, dans cette même enceinte, pour discuter de l’avenir de leur pays.
Près de 30 ans après cette rencontre, nous nous retrouvons une nouvelle fois, pour le seul, même et unique objectif : parler de l’avenir du Tchad.
Parler du Tchad de demain, c’est aborder sans complaisance, en toute responsabilité, toutes les problématiques qui sapent l’unité nationale, disloquent le vivre-ensemble, compromettent la paix, mettent à mal la stabilité, brisent le sentiment national et anéantissent les efforts de développement.
Parler du Tchad de demain, c’est simplement, mes chers frères et sœurs, s’interroger sur nos actes individuels et collectifs. Voir quels sont leurs impacts sur la vie de notre Nation.
Nous sommes, en effet, appelés à faire un examen approfondi de notre conscience collective, pour identifier les vices et les erreurs qui ont handicapé la mise en œuvre de pertinentes résolutions prises en 1993.
Cela passe par l’écoute et le dialogue. Sans passion, dans la sérénité et la patience, nous devons être capables de mener une réflexion libérée des contraintes classiques, nous pardonner, nous mettre d’accord et cheminer ensemble sur de nouvelles bases ».
« Les débats doivent être francs, démocratiques, sans tabou et axés sur la ligne directrice de la recherche de consensus et de solutions durables.
Les thématiques, qui vont animer vos discussions, serviront de boussole pour mener de profondes réflexions, en vue de poser les bases de la refondation de notre République.
Aucun sujet concernant l’avenir de notre pays ne sera un tabou. Tous les échanges doivent se faire dans le respect mutuel, gage des débats sereins et constructifs en gardant toujours à l’esprit l’intérêt suprême de la Nation, le seul qui compte.
L’État de droit, que nous appelons de tous nos vœux, est le seul garant de notre volonté commune de vivre ensemble dans la paix et la cohésion sociale.
En effet, le Tchad, ce beau pays, berceau de l’humanité, a trop souffert des déchirures de guerres fratricides, de divisions, de violences communautaires, de mauvaise gouvernance ou de corruption.
Ces assises restent notre ultime chance pour bâtir ensemble, une nouvelle République, qui incarne les valeurs de l’égalité des chances et de justice sociale pour tous.
Les participants au Dialogue National Inclusif devront mesurer la responsabilité qui est désormais la leur. Choisis légitimement parmi les 17 millions de Tchadiens, il leur revient la lourde tâche d’écrire une nouvelle page pour un Tchad uni, réconcilié avec lui-même, en paix et respecté dans le concert des nations », a-t-il dit.
Le Hautpanel