Par Giob Patrick
« La santé n’a pas de prix » dit un adage populaire. La plupart des pays de la planète, européens en tête, sont allés à la bataille contre le nouveau coronavirus avec cette devise. Il est question de sauver des vies à tout prix. On parle très vite de confinement, Lockdown, ce mot qui rappelle les isolements systématiques des lépreux au moyen âge restera sans doute dans l’histoire comme le mot de l’année 2020.
Qui aurait imaginé une seconde que les gouvernements européens, adeptes de la religion de la liberté individuelle, pouvaient priver leurs peuples de la plus fondamentale des libertés à savoir celle d’aller et venir, qui plus est avec des amendes et même des peines de prison pour les récalcitrants. Nous le savons, les conséquences sur l’économie et l’emploi sont désastreuses. La santé a donc bel et bien un prix. La question qu’on peut se poser dans notre pays est celle de savoir si dans notre contexte, l’on peut se permettre ce luxe ? Je constate tous les jours hélas que consciemment ou inconsciemment, nos dirigeants ont déjà répondu à cette question.
En effet, Ce qui est frappant dans la gestion de la crise par les autorités congolaises, c’est l’ignorance totale des réalités locales. S’il est vrai qu’aucun pays n’était vraiment préparé pour affronter une crise de cette ampleur, on a vu tout de même qu’il y avait plusieurs stratégies selon les pays et les contextes. On a observé par exemple qu’en Europe certains pays scandinaves n’avaient pas opté pour le confinement, préférant miser sur le civisme mondialement reconnu de leurs populations pour le respect des mesures barrières. De même en corée du sud et Taiwan mais pour d’autres raisons : entre autre, leurs savoir-faire dans le domaine du numérique qui a été essentiel pour traquer les malades et les isoler, mais aussi la disponibilité des tests et des masques pour tout le monde. En Amérique latine, le Brésil a misé sur l’immunité collective (à tort ou à raison on verra).
Si en Afrique, des pays comme le Sénégal, le Togo, le Burundi, Madagascar, Tanzanie et j’en passe se sont démarqués, la stratégie adoptée par notre pays la RDC aura été celle du suiveur. Quand les images saisissantes de Paris, Madrid, et Rome confinés ont commencé à circuler sur les chaines du câble, On nous a tout de suite fait savoir qu’il en serait de même pour nous, souvenez-vous du fiasco du 26 mars, quand le gouverneur de la ville, dans un décor très solennelle annonce à ses administrés kinois un confinement total, avant de se raviver le lendemain soir. Et que dire du confinement de la Gombe dont l’intérêt sur le plan épidémiologique reste une énigme. L’on se souviendra également que courant avril, alors que chef de la riposte nous annonçait un pic de l’épidémie dans la ville en début mai, le gouvernement a commencé à communiquer sur un possible déconfinement notamment via le ministre de l’enseignement primaire et secondaire, curieusement c’était quelques jours après que le gouvernement français ait annoncé un déconfinement progressif dès le 11 mai en même temps que de nombreux autres gouvernements européens. Quelle coïncidence ?
Aujourd’hui, il semble qu’on soit arrivé à la croisée de chemin, l’Europe s’est déconfinée, la banque Centrale européenne a annoncé un plan de relance de l’économie de près de 1.230 milliard d’euro sur 2 ans. Quant à notre pays, nous continuons notre route, naviguant à vue sans savoir où l’on va. L’équipe de riposte mis en place semble être en déroute totale. En effet, il est effarant de constater que les structures de soins de proximité telles que les Centres de santé et les dispensaires par exemple soient totalement exclus de la riposte, les zones de santé qui sont pourtant la base sur laquelle repose notre système de santé sont hors-jeu au profit d’un système parallèle hyper centralisé et bureaucratique.
Et le peuple dans tout ça ? Il a son opium hebdomadaire «le procès Cent jours ». Comme disait Drieu la Rochelle dans son roman Le feu follet « Il était l’heure des conséquences et de l’irréparable ». Que Dieu nous en préserve.
Par Giob Patrick
Editorialiste Hautpanel
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