Interviewé ce vendredi 17 avril 2020 par la rédaction de Lehautpanel.com, Georges Milumbu, doctorant en économie de l’éducation, expert en éducation et consultant à la Banque Mondiale, fermier et communicateur du Front commun pour le Congo (FCC), s’est exprimé sur la gratuité de l’enseignement en République démocratique du Congo.
Le contexte du Congo est bon pour qu’il y ait gratuité de l’enseignement mais la mesure a été mal prise et que rien n’a été préparé.
« Le contexte du Congo est bon pour qu’il y ait gratuité de l’enseignement parce que nous avons beaucoup d’enfants en dehors de l’école et cela a justifié la mesure de la gratuité de l’enseignement » a déclaré Georges Milumbu.
Georges Milumbu déplore que cette mesure soit mal prise parce que rien n’a été préparé pour parler de la qualité de l’enseignement, car l’objectif de l’école n’est pas le bâtiment ni la présence des enseignants mais C’est le fait que l’enfant soit capable de lire et écrire mais cette mesure prise dans la précipitation ne permettra pas aux enfants de savoir lire et écrire.
Avec des provinces telles que Lualaba où il y a 85% d’écoles privées et que les écoles publiques de l’Etat ne représentent que 15% et que ces 15% ne pourront pas absorber tous les enfants en âge scolaire, et au Haut-Katanga où il y a 25% d’écoles publiques, et que ce nombre est insuffisant pour pouvoir absorber les enfants de cette province en âge de scolarité.
Le doctorant en économie de l’éducation indique que la gratuité de l’enseignement est une mesure courageuse appréciée par les congolais, mais seulement en terme de la qualité et d’absorption des élèves à l’école, la rationalisation des ressources humaine, la qualité du processus d’enseignement-apprentissage, il y a encore beaucoup à faire.
Avec un nombre très élevé d’enseignants non payés dans le système éducatif congolais, la gratuité de l’enseignement démontre déjà ses limites. Selon Georges Milumbu, le nombre des écoles publiques sur toute l’étendue du pays ne représente que 30%, tandis que les confessions religieuses regorgent 60% dont 40% pour l’église catholique et 20% pour les autres confessions religieuses et les 10% restants pour les entrepreneurs privés.
Face à cette situation où l’État congolais ne sera pas en mesure de gérer seul la gratuité de l’enseignement pour sa réussite et sa pérennisation, trois pistes de solution sont proposées :
- Reformer le SECOPE, qui est une boîte noire qui n’aide en rien l’état congolais dans la rationalisation de ses ressources ;
- Engager un dialogue avec les confessions religieuses pour qu’elles ne se désengagent pas, en créant des écoles parallèles et éviter un mur de classe sociale qui peut se créer par la suite ;
- Revenir à la situation de 2017, l’état ne sera pas en mesure de payer tous les enseignants parce que l’état a engagé plusieurs personnes dans les bureaux gestionnaires depuis la subdivision du ministère en plusieurs provinces éducationnelles et sous-divisions. Avec ces nominations en désordre, il y a 1 personnel administratif pour 5 enseignants or la rationalité veut qu’il y ait 42 enseignants pour un seul personnel et la gratuité est mise en mal pour les enseignants debout.
- Le paiement des enseignants par les provinces et la construction des nouvelles salles de classe par les communautés de la même manière qu’elles construisent les églises. C’est aussi un autre modèle de développement à la congolaise.
Pour Georges Milumbu « si la qualité de l’enseignement est mise en mal, c’est le devenir de tout un pays qui est mis en mal » car il y a moins des ressources qui ont été mobilisées pour l’enseignement, a-t-il souligné.
Pour rappel Georges Milumbu est un expert en éducation, doctorant en économie de l’éducation et professeur d’universités.
Le Hautpanel