La Russie accuse les États-Unis et l’UE de s’assurer à tout prix une position internationale privilégiée

Au cours de son allocution tenue mercredi 09 Juin 2021, lors du Forum international Primakov Readings, par vidéoconférence à Moscou, le Ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a accusé les États-Unis et l’Union Européenne à s’assurer à tout prix une position internationale privilégiée.
« La Russie encouragera énergiquement la poursuite du mouvement pacifique vers un monde polycentrique basé sur la direction collective des efforts des États dirigeants pour résoudre les problèmes mondiaux. Mais nous sommes aussi réalistes et ne pouvons donc ignorer la réticence obstinée, et je dirais même agressive, de nos collègues occidentaux à accepter cette réalité objective. Nous ne pouvons ignorer les efforts de l’Occident collectif pour s’assurer à tout prix une position internationale privilégiée. Les résultats des prochains sommets du G7, de l’OTAN et des États-Unis-UE seront un indicateur de la mentalité actuelle dans les principaux pays occidentaux.
Non seulement la Russie mais aussi beaucoup d’autres sont confrontées à une situation où les représentants de l’Occident ne sont pas préparés à un dialogue honnête et factuel, préférant agir dans l’esprit « hautement probable ». Il existe de nombreux exemples de cette approche. Cela ne manquera pas de saper la confiance dans l’idée même du dialogue comme méthode de règlement des différends et d’éroder les capacités de la diplomatie en tant qu’outil crucial de politique étrangère.
Le zèle avec lequel nos collègues occidentaux ont commencé à promouvoir le concept notoire d’« ordre mondial fondé sur des règles » semble encore plus irrationnel et sans perspectives. Des règles sont toujours nécessaires. Permettez-moi de vous rappeler que la Charte des Nations Unies est aussi un corps de règles, mais ces règles ont été universellement acceptées et coordonnées par tous les membres de la communauté internationale, et elles ne sont remises en cause par personne. C’est ce qu’on appelle le droit international. La Charte des Nations Unies est la partie principale du droit international et son fondement. Tout en esquivant le terme de « droit international » et en utilisant plutôt l’expression « ordre mondial fondé sur des règles », nos collègues occidentaux ont en tête une tout autre chose : ils veulent développer certains concepts et approches centrés sur l’Occident pour être ensuite présentés comme un idéal du multilatéralisme et vérité ultime. Ces actions sont entreprises dans des domaines tels que les armes chimiques, le journalisme, la cybersécurité et le droit international humanitaire. Il existe des organisations universelles traitant de toutes ces questions, mais nos collègues, principalement dans l’UE ainsi qu’aux États-Unis, sont désireux de promouvoir leur propre concept dans chacun de ces domaines. Si on leur demande pourquoi cela n’est pas fait au sommet de l’organisation du multilatéralisme, l’ONU, ils ne donnent pas de réponse claire. Nous comprenons qu’il est bien sûr plus difficile de faire avancer certaines de leurs initiatives et de parvenir à des accords dans un format universel, où se trouvent non seulement les membres « dociles » du club occidental mais aussi la Russie, la Chine, l’Inde, le Brésil et des pays Africains. Nous verrons comment ce concept d’« ordre mondial fondé sur des règles » se reflétera dans les résultats des événements qui ont déjà été annoncés.
Je suis convaincu que nous ne pouvons ignorer le fait incontestable que l’ordre mondial actuel est une somme d’accords entre les pays qui ont gagné la Seconde Guerre mondiale. La Russie s’opposera à ceux qui voudraient mettre en doute l’issue de cette guerre. Nous ne pouvons pas et ne voulons pas jouer avec ceux qui voudraient inverser le cours naturel de l’histoire. Nous n’avons d’ailleurs aucune ambition de superpuissance, peu importe à quel point certaines personnes essaient de se convaincre et de convaincre tout le monde du contraire. Nous n’avons pas non plus le zèle messianique avec lequel nos collègues occidentaux tentent d’étendre leur programme axiologique de « démocratisation » au reste du monde. Il est clair pour nous depuis longtemps que l’imposition extérieure de modèles de développement ne servira à rien. Regardez le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, la Libye, le Yémen et l’Afghanistan.
Une particularité de la situation actuelle est que la pandémie de coronavirus a considérablement accéléré les événements, aidant à régler les problèmes existants et en créant en même temps de nouveaux. Je fais référence au déclin économique mondial, aux chaînes industrielles et commerciales détruites, à l’isolationnisme croissant et à l’opportunisme géopolitique. Ce mal commun nous rappelle aussi, à travers des problèmes croissants, le lien sans précédent entre tous les membres de la communauté internationale. Personne ne peut s’en sortir dans un havre de paix. C’est probablement l’une des principales leçons que nous devons tirer de ce qui se passe », a soutenu Sergueï Lavrov.
Et d’ajouter : « La Russie appelle à la coopération avec tout le monde, comme je l’ai déjà mentionné, sur la base du respect mutuel, de l’égalité et de l’équilibre des intérêts. Nous sommes conscients de la valeur de chaque partenaire international, tant dans les relations bilatérales que dans le format multilatéral. Nous apprécions notre amitié avec tous ceux qui partagent ce sentiment et sont prêts à rechercher des accords honnêtes, sans ultimatums ni demandes unilatérales ».
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