Le Vice-Premier ministre des Affaires étrangères de la République Démocratique du Congo, M. Christophe Lutundula et le Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, ont animé une conférence de presse devant les médias nationaux et internationaux, ce mardi 9 août 2022 à la Cite de l’Union Africaine à Kinshasa. Voici l’aperçu de cette conférence de presse.
LE VICE PREMIER MINISTRE LUTUNDULA : Monsieur le Secrétaire d’Etat, en septembre de l’année dernière, vous recevant en audience à New York, le président de la république Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a proposé d’effectuer une visite officielle en RDC, et vous accepté la suggestion, la proposition. Et le 2 juin de l’année dernière, lors de notre réunion dans nos cabinets, le Département d’État à Washington, puis après la décision des chefs d’État, nous avons communiqué officiellement l’invitation du gouvernement de mon pays et d’accepter effectivement cette visite. Et tu nous as dit, cher Antoine, que tu viendrais en RDC avant la fin de cette année. Et mots donnés et mots pris (inaudible).
C’est donc la preuve de l’intérêt que les Etats-Unis ont pour la RDC à vouloir – la volonté de ses dirigeants de développer avec notre pays une coopération et un partenariat, un partenariat stratégique, et fructueux pour le peuple américain et le peuple congolais. Merci beaucoup d’avoir tenu vos propos, et merci beaucoup pour cet intérêt, et cela se confirmera aujourd’hui officiellement. Ainsi nous veillons à ce que le chef de l’Etat, Son Excellence Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, et le Gouvernement de la République Démocratique du Congo soient dans les mêmes dispositions d’esprit ou d’état d’esprit.
Mesdames et messieurs de la presse, c’est sur cette base, sur une volonté politique partagée, de faire avancer notre vieille amitié qui résiste au temps et aux différents défis auxquels nous avons été confrontés à travers l’histoire, quels qu’ils aient été. Et c’est sur – c’est sur ça et encore sur ça qui ont été marqués par la détermination des Etats-Unis et de la RDC à consolider leur partenariat dans une période que vous savez vraiment qui est vraiment, vraiment mouvementée. Et que ce soit au niveau international ou à l’est du pays, toujours en difficulté, confronté à des défis avec des terroristes et un groupe armé qui tue nos populations depuis deux décennies maintenant.
Et c’est sur cette base que nous avons échangé et discuté bilatéralement avec la délégation, la délégation américaine, conduite par le secrétaire d’État Antony Blinken, et échangé – échangé sur des intérêts communs, notamment dans les domaines suivants : la défense et la sécurité, en mettant l’accent sur la sécurité dans la partie orientale du Congo, et les coopérations militaires, financières et économiques, précisément en ce qui concerne le programme de réforme, réformes économiques et investissements étrangers du gouvernement, et l’exploitation des industries des ressources naturelles. Nous avons également échangé sur l’environnement, l’exploitation minière et la démocratie.
Et sur la base de tous ces matériaux, nous avons échangé nos analyses pour développer une compréhension commune. Et plus important encore, nous avons souligné de nouvelles perspectives basées sur les engagements réciproques. Et le plus dur reste à venir, est encore à venir. Et le principal défi auquel nous sommes confrontés est en fait sur la mise en œuvre, la mise en œuvre de ces nouvelles perspectives et cette implication afin de donner un vrai contenu, un contenu tangible à notre coopération ou amitié, mais aussi un contenu, un contenu profitable aux congolais et aux Américains, et cela donnera une légitimité à la démocratie et au destin et au bien-être que vous connaissez réellement en République démocratique du Congo, le but ultime, les résultats de toutes les actions politiques.
Et pour sa part, Monsieur le Secrétaire d’Etat, la RDC fera le plus grand effort pour honorer son engagement et son implication, et je le dis au nom du chef du gouvernement que la RDC n’a pas, n’a pas de raison, de raison objective, ne pas croire que ce sera, ce sera également au nom du gouvernement américain.
SECRÉTAIRE BLINKEN : Cher Ministre, cher Christophe, je suis heureux de vous rencontrer et d’être à Kinshasa, et je voudrais vous remercier et remercier votre Président Tshisekedi pour cette rencontre très profonde et productive que nous venons d’avoir il y a à peu près une heure.
Si vous le permettez, permettez-moi de continuer en anglais.
Bon après-midi. Bonsoir à tous. Et je le répète, c’est un réel plaisir d’être ici à Kinshasa. C’est ma première visite en tant que secrétaire d’État. Et comme l’a dit mon ami Christophe, je fais suite à une très aimable invitation du président et du ministre des affaires étrangères, et maintenant nous sommes ici et très heureux de l’être. Je tiens à nouveau à remercier le président, le ministre des Affaires étrangères, toute l’équipe pour les excellentes conversations que nous avons eues cet après-midi. J’ai pu passer du temps en tête-à-tête avec le président. Les équipes se sont réunies, et je pense que le fait que nous ayons une très forte délégation ici et que nous ayons pu passer du temps avec nos homologues reflète la force, la force croissante du partenariat entre la République démocratique du Congo et les États-Unis.
La RDC est au cœur de la poursuite de la paix et de la prospérité en Afrique et au-delà. Votre engagement envers la démocratie façonnera non seulement votre avenir mais aussi celui de la région : la lutte contre la corruption et la promotion de la transparence, par exemple dans le secteur minier, sont essentielles à la stabilité régionale. La gestion par le Congo de sa partie du bassin du Congo, la forêt tropicale, l’une des plus vastes de la planète, est essentielle pour faire face à la crise climatique. Votre réponse aux maladies infectieuses protège les personnes au-delà de vos frontières ainsi qu’à l’intérieur de celles-ci. Bref, ce qui se passe ici se fait sentir dans de nombreux endroits. C’est pourquoi le travail que nos pays font ensemble est si important.
Aujourd’hui, comme l’a dit le ministre des Affaires étrangères, nous avons eu l’occasion de discuter d’un large éventail de questions, d’inclure nos efforts, des efforts partagés pour ramener la paix dans l’est de la RDC, notre soutien à des élections libres, équitables et ponctuelles l’année prochaine , les efforts pour promouvoir le respect des droits de l’homme, protéger l’environnement, promouvoir l’énergie propre, améliorer le climat d’investissement, renforcer la sécurité alimentaire, autant d’étapes essentielles pour que la RDC devienne le point d’ancrage de la stabilité et de la prospérité qu’elle peut devenir. Et dans ces efforts, les États-Unis sont votre partenaire fidèle.
Hier, en Afrique du Sud, j’ai eu l’occasion de parler de ce que signifie réellement pour nous le fait d’être un partenaire de pays africains. Et comme je l’ai dit, mais cela vaut la peine de le répéter trop souvent, les nations africaines ont été traitées comme des instruments du progrès d’autres nations plutôt que comme les auteurs de leur propre progrès. Les ressources ont été exploitées pour les gains d’autres pays. Les gens de la RDC ne le savent que trop bien. Ce n’est pas ce que feront les États-Unis. Nous ne voulons pas d’une relation transactionnelle à sens unique. Au lieu de cela, nous voulons travailler avec vous sur des priorités communes dans la poursuite d’objectifs communs.
L’un de ces objectifs est le renforcement de la démocratie. Et nous avons discuté des réformes qui reflètent la volonté et les aspirations du peuple congolais, y compris, comme je l’ai dit, les préparatifs des élections libres, équitables et ponctuelles de l’année prochaine.
La RDC a été un participant important au Sommet pour la démocratie l’année dernière. Le travail qui a déjà été fait ici pour faire progresser l’état de droit, la bonne gouvernance, la participation citoyenne et les droits de l’homme est louable, mais il reste encore beaucoup à faire et je sais que la RDC est déterminée à aller de l’avant. Pour réduire l’attrait de rejoindre les groupes armés, les jeunes de la RDC doivent voir qu’il existe une véritable voie à suivre, une meilleure voie, un avenir meilleur.
En ce qui concerne la situation dans l’est de la RDC, nous partageons un fort désir ici, et celui de tant de personnes à travers la région et au-delà, que la violence et la souffrance là-bas cessent enfin. Comme nous en avons discuté, une paix durable nécessitera une solution politique qui respecte la souveraineté de la RDC et son intégrité territoriale. À cette fin, les États-Unis soutiennent fermement les efforts de médiation menés par l’Angola et le Kenya, et nous appelons à la poursuite de la coopération avec la mission de maintien de la paix des Nations Unies, la MONUSCO, et convenons de l’importance de son mandat de protection des civils. Et nous approuvons pleinement la poursuite du dialogue et de la coopération entre la RDC et ses voisins. J’ai l’intention de m’appuyer sur nos discussions lors de ma visite au Rwanda demain.
Sur le climat, la République Démocratique du Congo est vitale pour l’avenir de la planète. C’est aussi simple que ça. La forêt tropicale du bassin du Congo absorbe plus de carbone que n’en émet l’ensemble du continent africain. C’est un lieu d’une formidable biodiversité. Ses précipitations contribuent à soutenir l’agriculture dans toute la région.
Nous apprécions les défis économiques à court terme auxquels le Congo est confronté, les défis auxquels sont confrontés les pays du monde entier, y compris les États-Unis. Nous avons convenu de travailler ensemble pour établir un groupe de travail formel pour aider les Congolais à parvenir à une approche équilibrée du développement responsable des ressources du pays qui contribue à la croissance économique du Congo et à la création d’emplois. En conservant des forêts et d’autres écosystèmes irremplaçables et en n’entreprenant des projets de développement qu’après avoir réalisé des évaluations d’impact environnemental rigoureuses, la RDC peut agir au nom de tous les peuples du monde pour protéger notre maison commune.
Nous avons parlé des réformes du secteur minier. Nous continuerons à travailler ensemble pour nous assurer que les investissements en RDC soutiennent les meilleures pratiques, que les entreprises sont engagées dans une course vers le haut sur la protection de l’environnement, les droits du travail, la bonne gouvernance et la transparence, et non une course vers le bas qui finit par nuire aux travailleurs, nuire à l’environnement, alimenter les conflits armés.
Et sur la sécurité alimentaire, nous sommes très heureux que la RDC ait rejoint le programme Feed the Future cet été. Il s’agit d’un programme phare pour les États-Unis. Et même si nous répondons à certains défis humanitaires immédiats et à la crise qui a été créée dans l’insécurité alimentaire en raison du climat, du COVID, du conflit – l’agression de la Russie en Ukraine – nous sommes également très concentrés sur le travail en partenariat avec les pays autour le monde à investir dans une production alimentaire durable et résiliente à long terme. C’est ce qu’est Feed the Future, et nous sommes très heureux que la RDC en fasse partie.
À un moment où le COVID-19, le changement climatique et les conflits contribuent tous, comme je l’ai dit, à intensifier l’insécurité alimentaire, il est plus important que jamais que nous nous attaquions aux causes profondes de la faim, de la pauvreté et de la malnutrition, et nous le faisons ensemble. Nous sommes impatients de travailler en étroite collaboration avec la RDC à ce sujet dans les mois à venir.
Les États-Unis sont attachés à ce partenariat. Nous voyons un énorme potentiel pour nous de faire plus ensemble pour faire progresser la stabilité, les opportunités, la démocratie, la santé et la sécurité du peuple congolais, de notre peuple, des habitants de nombreux autres pays et régions dont la vie sera façonnée en partie par votre succès et par votre progression.
C’est pourquoi je suis venu à Kinshasa et pourquoi, encore une fois, je suis si heureux d’être ici. Et Christophe, merci beaucoup pour votre accueil et pour les très bonnes rencontres que nous avons eues jusqu’à présent. Merci.
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