Pré-COP 27/Eve Bazaiba : « Investissons dans les forêts. Songeons aussi aux gardiens de forêts, car ils ont droit à une rémunération »

Kinshasa, Capitale de la République Démocratique du Congo, a accueilli les travaux préparatoires de la 27ème session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (PRECOP27), du 3 au 5 octobre 2022.
Ces travaux étaient d’une portée historique pour la République Démocratique du Congo, pays solution à la crise climatique, car ils ont marqué et consolidé son grand retour à la table des négociations internationales sur les questions relatives à la lutte contre le changement climatique.
Co-organisés par la République Arabe d’Égypte et de la République Démocratique du Congo, les travaux préparatoires de la 27ème Conférence des parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique «PRECOP27» dont les travaux proprement dits (COP27) se dérouleront à Sharm-El-Sheik en République Arabe d’Égypte du 7 au 18 novembre de l’année en cours, ont accueilli plusieurs délégations des pays du monde.
Lors de son discours, à l’ouverture de ces assises, le 3 octobre, la ministre de l’Environnement de la RDC, Mme Eve Bazaiba, a démontré le rôle incontournable que joue la RDC dans les questions climatiques.
« Comment donc parler de lutte contre le changement climatique, de protection de l’environnement, ou même de préservation de la biodiversité sans faire référence à la République Démocratique du Congo ? La RDC est un État de plus de 2.345.444 km2 de superficie, couvert à plus de 60 pourcents par la forêt tropicale humide, représentant plus de 62% des forêts du Bassin du Congo, avec plus de 155 millions de kilomètres carrés de forêts tropicales humide. Ces forêts séquestrent quotidiennement près de 24,5 Gigatonnes de gaz à effet de serre, alors que ses 105 km2 de tourbières constituent un stock naturel d’environ 30 Gigatonnes de dioxyde de carbone, soit l’équivalent de plus de deux ans d’émissions mondiales », a-t-elle dit.
Selon elle, «la RDC, un Pays solution à la crise climatique, a pris conscience de la relation qui existe entre ses ressources naturelles et le changement climatique, et la responsabilité qui s’y rattache, dans un contexte de lutte contre l’extrême pauvreté de sa population ».
Mme Bazaiba a aussi appelé les dirigeants du monde à prendre leurs responsabilités afin de limiter le réchauffement de la planète à 1.5 degrés Celsius.
« A moins d’un effort global ambitieux visant une réduction drastique des émissions afin de limiter le réchauffement de la planète à 1.5 degrés Celsius, il est évident que personne n’y échappera. Il est donc urgent que nous rehaussions profondément et radicalement nos ambitions climatiques et passions aux actes avant qu’il ne soit trop tard. En vertu du principe de responsabilités communes mais différenciées, et du principe pollueur payeur qui forment l’épine dorsale du régime juridique international de la lutte contre le changement climatique, nos États ont chacun l’obligation d’agir contre ce phénomène très rapidement, efficacement et surtout proportionnellement à la part de responsabilité que chacun porte dans cette crise, afin de sauver la planète. C’est une question d’éthique et de de morale climatique », a déclaré la Ministre.
Elle a souligné la difficile cohabitation entre les questions de survie d’une part, et celles relatives à la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’autre part, alors que l’Afrique riche en matières premières compte les exploiter pour nourrir ses populations.
« En effet, nous avons besoin d’exploiter nos ressources naturelles et trouver du pain à nos enfants, mais sur la ligne de ce devoir, il y a de plus en plus des obstacles associés à la nécessité de réduire nos émissions. Plusieurs pays africains ont du mal à opérer un choix entre la survie de leurs populations et le contrôle des émissions de gaz à effet de serre, alors que le continent n’est responsable que de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Que faire dans ces circonstances ? Exploiter nos ressources et nourrir nos enfants ou les contempler et les laisser mourir de faim ? »
S’agissant de la récurrente question de l’accès aux fonds climats par les pays forestiers, notamment ceux des bassins tropicaux de la planète, alors que leurs forêts rendent des services incommensurables à l’humanité, la ministre de l’Environnement a invité les dirigeants mondiaux à investir dans les forêts.
« Comment expliquer toutes les conditions qui sont imposées à nos États pour accéder à des fonds destinées à protéger des ressources dont nous sommes tous bénéficiaires? Je rappelle que la plupart de ces conditions, procédures, etc. souvent belles sur papier, opèrent sur terrain comme des barrières à l’accès des pays les moins avancés aux fonds climat », a-t-elle souligné.
« Tout investissement dans la protection et la préservation des forêts ne doit plus jamais être envisagé comme une aide au développement, mais plutôt comme un investissement dans le système climatique mondiale, qui en réalité est un bien commun à toute l’humanité. Tous nous respirons le même air, et tous nous baignons dans la même atmosphère. Prenons-en donc soin en investissant dans les forêts. Songeons aussi aux gardiens de forêts car en tant que tel, ils ont droit à une rémunération. Que le monde arrête les discussions et se mettes au travail. La planète brûle, et nous brûlerons avec elle si nous continuons de parler au lieu d’agir », ajoute Mme Bazaiba.
Le Hautpanel