Le Comité permanent de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (Cenco), a adressé un mémorandum au président de la République Démocratique du Congo, Félix Antoine Tshisekedi, en date du 08 février 2023, dans lequel il propose de renforcer le dispositif de suivi et de contrôle ainsi que de poursuites judiciaires à l’égard de tout contrevenant lié au soupçon de corruption et de détournement des fonds alloués aux soldats, particulièrement ceux qui sont au front.
Ce mémorandum est élaboré dans un contexte de crise sécuritaire qui affecte tous les secteurs de la vie nationale, malgré plusieurs initiatives militaires et diplomatiques prises, dont les prolongations de l’état de siège, la multiplication du nombre d’intervenants (FARDC, MONUSCO, les troupes de l’EAC, notamment du Kenya, Burundi, Ouganda, ainsi que les officiers du Rwanda).
“Nous avons l’impression que la population congolaise est prise au piège entre guerres d’influence et la bataille pour le contrôle de ses ressources naturelles. Ces événements dramatiques ne participent-ils pas à la mise en œuvre du plan de balkanisation de notre pays ?
Nous saluons vivement votre diplomatie et les efforts déployés par le Gouvernement pour venir à bout de l’insécurité et contrecarrer le projet de balkanisation du pays que nous n’avons cessé de dénoncer“, peut-on lire dans ce mémo.
Pour sa part, l’Eglise catholique est toujours disposée à vous accompagner dans vos initiatives de paix. Veuillez trouver ici quelques propositions et actions à mener :
– Nous estimons que pour lutter contre les forces négatives qui sèment la désolation à l’Est du pays, il est nécessaire d’obtenir l’appui de leurs communautés de référence afin de les persuader de déposer les armes. L’Eglise catholique pourrait s’appuyer sur ses Commissions Justice et Paix pour impliquer ces communautés de référence.
– Considérant le danger de la balkanisation, nous avons organisé une marche dans toutes nos circonscriptions et sur toute l’étendue du territoire national, le 4 décembre 2022 pour redire « non à la balkanisation ». Face à cette menace, la meilleure barrière est de consolider la cohésion nationale et de raviver l’esprit patriotique. Il est opportun de contrôler certains leaders d’opinion qui s’illustrent par leurs propos désobligeants et les acteurs politiques qui diffusent les discours d’incitation à la haine et à l’exclusion.
– Il importe de mettre en place un cadre national large en vue d’évaluer les accords et les alliances qui constitueraient des pesanteurs dans les efforts pour sauver la patrie en vue d’arrêter de nouvelles stratégies.
– Les camps des déplacés et des humanitaires sont exposés aux attaques des groupes armés. Il sied de garantir leur protection et prêter une assistance durable aux déplacés et aux humanitaires travaillant dans les zones de conflit.
– Face au soupçon de corruption et de détournement des fonds alloués aux soldats, particulièrement ceux qui sont au front, nous proposons de renforcer le dispositif de suivi et de contrôle ainsi que de poursuites judiciaires à l’égard de tout contrevenant.
La Cenco note qu’elle est consciente de son appartenance à la Nation congolaise et en vertu de sa mission prophétique, ce qui est au cœur de nos préoccupations, c’est le souci pour la vie de nos frères et sœurs meurtris depuis plusieurs décennies et l’avenir de la RD Congo. Il est tout indiqué de continuer la mobilisation des forces à l’interne en incitant les jeunes à s’enrôler dans l’armée, tout en cherchant l’appui de l’extérieur.
“Nous n’hésiterons pas à apporter notre contribution à toute initiative qui aura pour finalité de garantir la sécurité nationale, l’intégrité territoriale, la stabilité de l’Etat et de ses Institutions, la paix sociale. A cet effet, nous restons disposés à accueillir ce que vous attendez de nous”, a ajouté la Cenco dans ce mémo.
Le Hautpanel